Le syndicat des irrigants de Serre-Ponçon a invité Pascale Boyer, députée des Hautes-Alpes, et Joël Bonnaffoux, président de la communauté de communes Serre-Ponçon-Val d’Avance, à constater des dégâts sur une digue entre Remollon et Espinasses. Le but : trouver des financements pour sauver leurs vergers avant le printemps.

Article du Dauphiné du 17/12/2023

Le syndicat d’irrigants composé d’agriculteurs présente à Pascale Boyer et Joël Bonnaffoux l’ampleur des dégâts sur la digue permettant l’irrigation des vergers de Remollon. Photo Le DL /Justine Segui

Entre Remollon et Espinasses, la voiture d’Eric Allard, suivie de celles de Pascale Boyer, députée des Hautes-Alpes (Renaissance), et Joël Bonnafoux, président de la communauté de communes Serre-Ponçon-Val d’Avance, vire à droite pour rejoindre un embranchement. Après s’être garés, les élus découvrent un cours d’eau. Enfin, l’eau n’est pas vraiment au rendez-vous. « Voilà, c’est par là que l’eau passe, normalement », commente le président de l’association syndicale autorisée (ASA) de Serre-Ponçon, qui regroupe les irrigants. Et Vincent Barnéoud, producteur et membre du bureau du syndicat, de pointer à l’aide d’un bâton un niveau presque à la hauteur de ses pieds : « L’eau arrive là, normalement. »

« On ne met pas en cause la crue mais la méthode d’alerte » Quelques dizaines de mètres plus loin, en longeant la rive, une dizaine de membres du bureau de l’ASA suivent leur président, accompagné de Pascale Boyer et Joël Bonnaffoux. Arrivé à une intersection, Eric Allard s’arrête et montre une rangée de rochers qui forme une ligne incomplète sur le cours d’eau. Avant les intempéries du 1er décembre, ces rochers formaient une digue de 120 m. « Cette digue avait pour intérêt de remonter le niveau d’eau pour alimenter les lacs et Remollon », reprend Vincent Barnéoud. Un débit d’eau très important, que l’ASA évalue à 200 mètres cubes par seconde, a fait sauter l’édifice.

« On ne met pas en cause la crue mais la méthode d’alerte », pointe Eric Allard.  Alors qu’EDF, l’exploitant du barrage de Serre-Ponçon, voit arriver des hauts débits, pour le président du syndicat, il devrait prévenir les ASA concernées. Ainsi, ces dernières se retrouvent à payer pour les restaurations, « alors qu’on aurait pu le traiter en préventif », continue Eric Allard. Pour la digue, il évalue des réparations à près de 100.000 euros. « Un technicien du SMAVD (syndicat mixte d’aménagement de la vallée de la Durance) va venir faire une évaluation plus précise des dégâts et du coût », reprend le président de l’ASA. Ce dernier fait donc appel aux élus pour l’aider à trouver des aides financières puisque le syndicat n’a pas les moyens de payer. « On est déjà en pré-faillite à cause de la crise énergétique », déplore Éric Allard.

Reste à savoir qui paie quoi. La réparation est urgente, car les producteurs considèrent que si elle n’est pas réalisée au 31 mars, les dommages sur leurs récoltes seront trop importants. « On en a besoin au printemps pour l’antigel, commente Sébastien Jacob, producteur de fruits et légumes. C’est dans trois mois, ça arrive vite. » Selon l’ASA, 90 hectares de vergers ont besoin de l’irrigation permise par la digue, « donc 90 emplois permanents », estime Eric Allard.
Et Joël Bonnaffoux de répondre, surpris : « Je ne connaissais pas cette prise d’eau ni les enjeux importants mais avec Mme la députée, on va s’occuper du dossier auprès des collectivités. » Reste à voir qui paie quoi. Alors que Pascale Boyer a déjà contacté le préfet, le président de la communauté de communes concentre ses efforts auprès de la Région et du Département.
Au-delà des réparations de la digue, pour Vincent Barnéoud, c’est un édifice plus robuste qui mériterait d’être construit : « une digue qui pourrait tenir avec un débit de 200 m3/s ».