Antiquité

Abbaye de la Novalaise (Piémont)
– Découverte dans une vigne (2) de sépultures de tuf remontant probablement à l’époque gallo-romaine.
– L’ancienne église de Remollon devrait son vocable de St Pierre à son rattachement, au VIII° siècle, à l’abbaye Saint Pierre de la Novalaise fondée en 726 par le patrice Abbon (3).
– Au plan religieux, la paroisse dépendait de l’archevêché d’Embrun.
Le moyen âge
– X° siècle: après que les Sarasins aient été définitivement chassés de la région,l’Embrunais est sous la double tutelle du Comte de Forcalquier et de l’archevêque d’Embrun qui se partagent possessions et droits de justice.
– Les Templiers possèdent des biens à Remollon (voir ci-dessous).
– 1132 Peu de temps après sa fondation, l’Abbaye de Boscodon possède des vignes à Remollon. Il semble que dèjà à cette époque l’activité du village soit essentiellement tournée vers la viticulture.
– 1329 : Lantelme Aynard, seigneur de Théus, donne par testament une coseigneurie de Remollon à l’abbé de Boscodon.
Par la suite, jusqu’à la Révolution de 1789, le pouvoir féodal est partagé entre les seigneurs de Bellafaire et de Théus, le commandeur de Saint Jean de Jérusalem, et l’abbé de Boscodon.
– 1336 : pour la justice, Remollon est le siège d’un mandement comprenant les communautés de Théus et de Remollon.
– 1349 : le Dauphin Humbert II transfère au roi de France Philippe VI la province de Dauphiné; qui devient l’apanage des fils aînés des rois de France avant d’être complètement intégrée au royaume de France en 1560.
Du 16° siècle à la Révolution
– XVI° siècle : Guerres de religion : situé entre Tallard, Chorges et La Bréole, lieux de fréquents combats entre Réformés et Catholiques, le village souffre des passages de troupes et des affrontements. L’église Saint Sébastien est détruite ainsi, probablement, que l’église Saint Pierre.
– XVII° siècle : les documents d’archives montrent que le village vit presque uniquement d’une production viticole qui est acheminée à dos de mulets dans diverses localités du Dauphiné.
– Juillet 1692 : invasion de l’Embrunais par les troupes de Victor Amédée II, duc de Savoie. Composées en grande partie de mercenaires espagnols et allemands, guidées par les Barbets, elles mettent la région à feu et à sang. Remollon est incendié en septembre : 56 maisons sur 86 sont pillées et brulées, ainsi que nombre de granges, écuries et celliers. Les églises subissent le même sort ; les pillards emportent même les cloches.
– Guerre de succession d’Espagne (1701-1713), puis guerre Franco-espagnole contre le roi de Sardaigne (1745-1748). Comme beaucoup de communautés de l’Embrunais, le village subit pendant toutes ces années le poids de réquisitions de denrées, de transports, d’hommes et de bêtes au service de l’armée alliée qui part combattre en Italie.
(1) Voir par exemple le bel ouvrage de Jacques Humbert Embrun et l’Embrunais à travers l’histoire – Éditions de la Société d’Études des Hautes-Alpes – Gap, 1972
(2) Joseph Roman. Répertoire archéologique des Hautes-Alpes. Répertoire archéologique de la France. Paris (A. Picard) – Imp. Nationale. 1888
(3) Joseph Roman Tableau historique du département des Hautes-Alpes. Première partie. Grenoble (F. Allier). 1887.
Période révolutionnaire
– 1783 : quelques années avant la grande Révolution, Antoine Albert, curé de Seyne, retrace une Histoire du diocèse d’Embrun(4) ; elle comprend un intéressant chapitre sur le village de Remollon qui comptait, selon lui, 405 personnes à cette époque.
– 1790 : élection du premier conseil municipal le 24 janvier : Joseph Vieux est élu maire, François Colomb et Dominique Borel sont officiers municipaux, François Constans est procureur.
– Formation du département des Hautes-Alpes en janvier 1790 ; Remollon fait partie du district d’Embrun, et devient chef lieu d’un canton regroupant Bréziers, Espinasses, Remollon, Rochebrune, Rousset et Théus. Cette situation dura jusqu’en 1800 où la loi du 17 février réduisit le nombre de cantons, regroupant ces six communes dans l’actuel canton de Chorges.
– Gap devient à la fois préfecture et siège de l’évêché des Hautes-Alpes ; déclin correspondant d’Embrun qui n’est alors plus le siège d’aucun pouvoir politique ou religieux.
– Vente aux enchères, sous forme de biens nationaux, des possessions de l’abbaye de Boscodon et de Notre Dame du Laus à Remollon.
– Jean-François Martel, curé de Remollon, et Gaspard Allard, dernier sous-prieur de Remollon, prêtent le serment du clergé constitutionnel.
– 1791 : création d’une « brigade de gendarmerie nationale à pied » à Remollon ; on veut l’installer « dans la maison du prioré ayant appartenu à la ci-devant abbaye de Boscodon vendue depuis comme bien national »
– 1792 : premiers projets de construction de digues sur la rive droite de la Durance ; les travaux seront poursuivis entre 1795 et 1850, essentiellement aux frais de la population.
– Fixation des limites entre les communes de Remollon et Théus
Les années suivantes de la période révolutionnaire seront dures, comme pour la plupart des autres communes des Hautes-Alpes, et marquées par les disettes de blé, les réquisitions d’hommes et de bêtes, la conscription pour l’Armée d’Italie. De même, point d’excès révolutionnaire dans la commune, mais une grande sagesse dans la gestion de ces temps troublés : à titre d’exemple, le vieux sous-prieur Gaspard Allard commit la grave imprudence de renier publiquement, en pleine chaire, son serment à la constitution civile du clergé. Il fut simplement sermonné, et condamné par le maire à une amende au profit des pauvres. Personne ne l’ayant dénoncé, il finit tranquillement ses jours au village… !
19° siècle
– Cette période est principalement marquée par le véritable « décollage » économique du village dont la population culmine à plus de 600 habitants vers 1840. Jean-François Ladoucette, préfet des Hautes-Alpes, donne dans son ouvrage historique (5) une bonne description du village à cette époque.
– La construction des digues sur la Durance permit la «conquête» d’importants territoires sur le lit de la rivière (plus de deux kilomètres de long sur 440m de large en moyenne), l’établissement de cultures de blé, et de quelques vergers. Des plantations de peupliers contribuaient à l’assèchement de la zone qui restait menacée par une Durance toujours dangereuse malgré les digues.
– L’économie du village est toujours entièrement fondée sur la viticulture, et le terroir de Remollon exploité jusques sur ses pentes les plus abruptes, qu’on ne pouvait travailler qu’à la main. Selon Jean-François Ladoucette, ce serait à Remollon que le sécateur, outil de taille de la vigne, aurait été inventé dans les années 1800-1810. Toujours selon lui, les vendanges pouvaient produire annuellement jusqu’à 10.000 hectolitres d’un vin qui était justement réputé.
– Lutte de la commune pour la modernisation des voies de communication, vitales pour l’écoulement de la production du vin qui était la seule ressource du village. Il s’agissait de résister à la concurrence des vins de Provence que les routes modernes permettaient d’acheminer par tombereaux jusque dans les Hautes-Alpes , alors que la production de Remollon était encore difficilement écoulée à dos de mulets à travers des chemins non carrossables. C’est ainsi que la commune de Remollon fut à l’initiative de la construction de la route vers Rousset qui rejoignait le chemin de grande circulation à La Couche, à l’est de Chorges, puis de la construction de la route de Remollon à Valserres et Jarjayes, vers Gap. Dans le même registre, la suppression du bac de Remollon et son remplacement , à l’initiative d’un groupe d’actionnaires remollonnais, par un « pont de fer » (photo ci-contre) facilitait l’écoulement de la production vers le sud et la Provence, ainsi que le trafic des hommes et des marchandises, profitables aux commerces remollonnais.
– Mentionnons enfin la construction en 1842, à l’initiative du curé Auguste Martel, de l’église Notre Dame des Victoires, l’ancienne église Saint Pierre, étant devenue beaucoup trop petite pour une population en pleine expansion (elle sera démolie en 1852 pour agrandir la place du village. Seul son beau clocher a heureusement été conservé).
(4) Antoine Albert Histoire naturelle, ecclésiastique et civile du diocèse d’Embrun 1783 – Réédition par l’Association des Hauts-Alpins du Var. 1959
(5) Ladoucette J.C.F. Histoire, topographie, antiquités, usage et dialectes des Hautes-Alpes. 1848.