VOLEZ AUTOUR DE LA CASCADE PÉTRIFIANTE !
Cette vidéo vous fera découvrir la cascade prétrifiante sous tous ses angles les plus impressionnants.
L’EAU DU MOULIN
L’eau que vous voyez couler en cascade alimentait le béal (canal d’alimentation) du moulin de Remollon dont le bâtiment
Elle provient d’une source abondante située dans une grotte profonde au pied de la montagne dominant le village.
Après être passée sous le moulin, elle termine sa course dans la vallée de la Durance en chutant du haut d’une falaise de tuf. L’eau, chargée de calcaire et de gypse dissous, en fait des fontaines pétrifiantes, qui recouvrent de dépôts minéraux feuilles, brindilles ou tout objet qu’elle arrose quelque temps..
Le débit est régulier; mesuré au 19e siècle, il était d'”environ 57 litres par seconde“(1), ce qui était cependant insuffisant pour entraîner directement la grande roue à aubes du moulin.
Pour obtenir un débit suffisant, il fallait stocker l’eau en amont, dans un grand bassin ; une fois plein, on libérerait l’eau dans le béal via une écluse qui permettait d’assurer un débit suffisant pour actionner la roue (ce qui a donné son nom à ce quartier dit “de l’écluse”). Les archives rapportent qu’on pouvait obtenir ainsi un fonctionnement du moulin de 5 ou 6 heures par jour.
Une particularité de cette source était qu’elle ne gelait pas durant la saison froide, ce qui faisait que ce moulin était le seul du secteur fonctionnant continuellement durant l’hiver, ce qui était très précieux à une époque où l’on fabriquait localement la farine tout au long de l’année, au fur et à mesure des besoins en pain… Les usagers du moulin de Remollon venaient ainsi parfois de loin pour faire moudre leur ble. On raconte ainsi que Benoîte Rencurel serait venue en janvier 1658, âgé alors de 12 ans, au moulin de Remollon faire moudre deux émines de blé qu’elle transportait à dos d’âne depuis Saint Etienne le Laus(2).
LE MOULIN
Le moulin est de fondation très ancienne; il figurait déjà au cadastre de 1639 au quartier dit « de l’Esclauze» (l’écluse). Il appartenait alors au sieur Claude Brunet, régisseur des propriétés du duc de Lesdiguières puis de ses héritiers à Remollon.
Le cadastre de 1639 montre qu’il y avait à l’origine trois moulins distincts, alimentés par le même béal. Il furent réunis à une date inconnue dans un même bâtiment (photo de gauche) et actionnés selon les besoins par une unique grande roue à aubes faisant 8m de diamètre (photo ci-dessous) :
– Deux moulins à grain : pour la mouture fine du blé, destinée à la fabrication du pain, et pour les moutures grossières destinées à la nourriture des animaux.
– Un moulin à huile de noix : la seule huile qu’on pouvait fabriquer sur place,les oliviers étant inconnus au nord de Sisteron.
Remarquer sur la photo l’aqueduc de bois monté sur de hauts poteaux qui amenait l’eau du béal sur la roue. En disparaissant cet aqueduc a créé la cascade visible de nos jours.
Le moulin a cessé son activité au début des années 1920, Comme beaucoup d’autres moulins de ce type, il n’a pu résister à la concurrence de la minoterie mécanique moderne, plus rentable et surtout donnant des farines plus fines, davantage prisées par les consommateurs.
(1) Archives départementales des Hautes-Alpes.
(2) Pron F. (abbé) Histoire des merveilles de Notre-Dame du Laus Delaplace Ed. 1858