La Croix de Peste

Les croix de peste

Les croix de peste sont présentes un peu partout en France, du moins dans les régions ayant connu des épidémies de cette terrible maladie très contagieuse. Elles se distinguent des croix ordinaires notamment par la représentation symbolique, sous la forme de grosses pustules sculptées, de bubons, ces boutons caractéristiques qui couvraient le corps des malheureux infectés par la maladie.

Ce qui classe la croix de Remollon dans cette catégorie est la représentation symbolique d’un «bubon» au pied de la croix sous la forme d’un bouton hémisphérique sculpté en haut-relief. Le même motif apparaît à l’intersection des deux bras de la croix, mais en creux, comme un signe de rejet du bubon maléfique grâce à l’intervention divine.

L’antique mur fait de blocs de tuf qui supporte cette croix rappellerait l’existence d’une chapelle aujourd’hui disparue, dédiée à la protection du village contre la peste et autres maladies épidémiques qui ravageaient jadis les populations.

La peste à Remollon et dans les Hautes-Alpes

Les historiens des Hautes-Alpes en mentionnent au moins trois: la plus récente en 1346, 1531 et 1720. Voici ce que dit le préfet Ladoucette(1) de cette dernière :

“les habitants qui résidaient dans cette ville la quittèrent trop tard; on les relégua en des cavernes et des masures, où on leur portait à manger dans un pot fixé au bout d’une longue perche. On employait à peu près le même moyen pour inhumer les morts; on creusait la fosse près du cadavre, qu’on y trainait à l’aide d’un croc de fer; on y jetait tout ce qui avait été à son usage, excepté le croc, que l’on se bornait à rougir au feu”

En août 1720 à Remollon (2), deux hommes se relayaient chaque jour au bac de la Durance pour aider deux grenadiers du régiment d’Artois détachés sur les rives de la Durance pour empêcher les Provençaux de traverser la rivière au bac de Remollon et répandre la contagion dans le secteur. La Provence était aussi touchée par l’épidémie de peste. Par ailleurs des mesures très sévères avaient été prises pour nettoyer les rues, éliminer les aux stagnantes issues des fontaines qui étaient sources possibles de contagion.

(1) [1] Ladoucette J.C.F. Histoire, topographie, antiquités, usage et dialectes des Hautes-Alpes. 1848. Laffite Reprints. Marseille.

(2) 15 août 1720 – Délibération du conseil (Archives départementales des Hautes-Alpes).