En septembre 1692, Remollon connut le plus important incendie de son histoire. Selon les documents de l’époque, 56 maisons sur les 86 que comptait le village furent brûlées, en sus de nombreux celliers et granges. Plusieurs personnes, incapables de fuir périrent dans l’incendie ou furent tuées par les envahisseurs. Ces mêmes troupes brûlèrent aussi le prieuré de Saint Maurice, situé en haut de la montagne du même nom qui domine le village à l’ouest.
Les responsables étaient les mercenaires espagnols et allemands des troupes du duc de Savoie Victor Amédée II qui, venues en France depuis le col de Vars, descendaient la vallée de la Durance en incendiant tout sur leur passage : Embrun, Chorges, Tallard, Gap etc. ne furent pas plus épargnées.
Pourquoi ce conflit?
Victor-Amédée II avait rejoint la Ligue d’Augsbourg, une alliance construite contre la France par un ensemble de nations protestantes en représailles de l’abolition, en 1685, de l’Édit de Nantes par le roi Louis XIV. Cet acte interdisait à nouveau le culte protestant en France : tout adepte de cette religion devait soit l’abjurer soit quitter immédiatement le pays sans rien emporter de ses biens. Les réfractaires couraient les risques les plus graves : de nombreuses régions, notamment dans le centre et le sud de la France, furent soumises aux dragonnades, persécutions opérées par des militaires sur ordre du gouvernement.
Les destructions opérées par les troupes d’Amédée II étaient une des revanches des Protestants en raison des persécutions dont ils étaient l’objet.
Que s’est-il passé à Remollon ?
Considéré comme catholique, le village de Remollon fut presque entièrement incendié alors que la population avait apparemment pu s’enfuir avant l’arrivée des troupes. Plusieurs personnes, vieillards et invalides n’ayant pu fuir, furent cependant trouvées mortes dans les ruines de leur maison incendiée.
Presque sans secours de la part des autorités royales, la population du village la plus démunie dut vivre plusieurs années parmi les ruines de ses habitations avant de pouvoir les reconstruire. Certaines d’entre elles portent encore dans leurs hautes façades les traces de cette catastrophe.
La “Maison des pauvres”
Riche propriétaire sans enfants, apitoyé par le sort de la population, le sieur Claude Giraud légua par testament sa maison et l’ensemble de ses propriétés aux «pauvres de Remollon».
Depuis, cette importante donation et ses revenus ont permis le soutien d’oeuvres sociales, jusqu’au CCAS d’aujourd’hui qui gère encore cette maison et quelques-unes des terres de Claude Giraud !
Entièrement restauré et réaménagé par la municipalité, cet immeuble révèle sa taille et ses épais murs antiques lorsqu’on le contemple depuis sa façade sud.