Le mot “hôpital” n’avait pas, au Moyen-Âge et même plus tard au 18e siècle, le sens qu’il a aujourd’hui relativement à des soins à caractère médical. Même si cela n’excluait pas des “secours” en cas de maladie ou d’invalidité, l’aide avait plutôt un caractère social. D’où le terme souvent employé d'”hôpital de charité” qui avait pour principal objet le secours aux pauvres et aux indigents. Celui de Remollon fut fondé suite à la quasi destruction du village par les troupes du duc de Savoie en 1692 et au testament de Claude Giraud (1693) qui fit don de tous ses biens aux “pauvres de Remollon” (voir aussi le point N° 6, “La maison Claude Giraud”). Ces dons furent complétés par les testaments de Madelaine Tanc, veuve de Claude Giraud (1713), André Souchon (1724). Les revenus des biens ainsi donnés étaient consacrés aux secours d’urgence des pauvres (maladies, accidents) au mariage des filles pauvres (constitution d’une dot), à l’éducation des enfants pauvres (embauche d’un instituteur dédié). L’hôpital était géré par un conseil rassemblant le curé, les consuls et les notables du village qui décidaient ensemble de l’attribution des secours. Un secrétaire tenait les archives de l’hôpital et un trésorier le livre des comptes.
Sous diverses formes adaptées aux époques successives, l’hôpital de Remollon est devenu de nos jours de CCAS de Remollon. Même si ses missions sont ben sûr différentes, une partie de ses moyens provient toujours de la gestion des biens de Claude Giraud !
Un bâtiment communautaire
Le bâtiment abritait, outre l’hôpital (une pièce, peut-être deux), la salle commune du village, ancêtre de nos salles du conseil municipal d’aujourd’hui. Lieu donc où les deux consuls du village se réunissaient avec leurs conseiller pour délibérer sur les affaires communautaires. Dans cette salle aussi étaient conservées les archives du village.
Le rez-de-chaussée était occupé par les fours communs (il y en avait au moins deux) où l’on cuisait le pain du village. Les fours étaient tenus par un ou deux “fourniers” employés qui étaient recrutés sur contrat aux enchères par le conseil communautaire et avaient l’exclusivité de la cuisson des pâtes de pain que leur amenaient les habitants..
Le bâtiment figure sur le cadastre de 1639 mais est certainement de fondation plus ancienne comme le montre l’encadrement de porte de la tour. La façade sud a du bâtiment principal été profondément modifiée au cours des âges et ne conserve plus aucun de ses caractères d’origine.
La tour située à l’angle ouest d’un bâtiment de deux étages abrite la cage de l’escalier en colimaçon qui dessert les différents niveaux. La porte est ornée d’un beau linteau de pierre sculpté en marbre rose d’Eyglier, et desservie par ‘un escalier de même matériau. Le motif en accolade du linteau date ce bâtiment du XVIe siècle au moins..